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26 Déc 24

Conférence de Nicolas Goldberg

Normandie Énergies
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Jan
Groupe de travail RH, Emploi & Compétences

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Le 19 décembre dernier, Normandie Energies invitait Nicolas Goldberg, expert des mutations du marché de l'énergie, à intervenir sur le thème "Gaz, électricité et décarbonation : quel avenir pour les prix de l’énergie ?". Cet événement, ouvert aux adhérents de Normandie Energies ainsi qu’aux étudiants du campus du Madrillet, a permis d’aborder les enjeux complexes de la transition énergétique et des marchés de l’énergie.
Pourquoi l’énergie est au cœur des débats ?

La crise énergétique, l’explosion des coûts et la question de la sécurité d’approvisionnement ont propulsé l’énergie dans le débat public, bien au-delà des cercles d’experts.
En France, l’énergie est un enjeu multiple :

  • Compétitivité industrielle : elle impacte directement les coûts de production.
  • Pouvoir d’achat : un bien essentiel, sensible aux variations de prix.
  • Géopolitique : avec des dépendances et des enjeux stratégiques majeurs.
  • Attachement national : notamment au parc nucléaire et à EDF.

Ces enjeux, autrefois moins visibles dans un contexte de ressources abondantes et bon marché, prennent une place prépondérante dans un monde géopolitiquement instable.

Le climat : un défi énergétique majeur

Actuellement, 85 % de l’énergie mondiale provient de sources fossiles. En France, malgré un parc nucléaire important, les deux tiers de l’énergie consommée sont fossiles, principalement à cause :

  • Du pétrole (mobilité)
  • Du gaz (chauffage domestique et industriel)

Se débarrasser des énergies fossiles est indispensable pour :

  1. Répondre aux contraintes climatiques.
  2. Réduire la dépendance commerciale et renforcer l’indépendance géopolitique.
  3. Assurer une transition juste en tenant compte du pouvoir d’achat et de la compétitivité industrielle.
Comprendre les prix de l’énergie : gaz et électricité

Les composantes du prix :

Une facture d’électricité ou de gaz se décompose en trois grandes parties :

  1. Prix de gros : fluctue selon les conditions du marché (offre/demande, géopolitique, météo…).
  2. Coûts réseau : liés à l’infrastructure de transport et de distribution.
  3. Coûts réglementaires et taxes : incluent la décarbonation et des obligations (biométhane, quotas carbone, etc.).

Le marché du gaz :

  • Deux types de gaz :
    • Gazoduc : marché local.
    • Gaz naturel liquéfié (GNL) : marché mondial.
  • Tendance actuelle : le conflit en Ukraine a mondialisé le marché européen du gaz, augmentant les prix. Cependant, l’essor des terminaux méthaniers et un ralentissement économique global tirent les prix à la baisse.

Électricité, un marché plus complexe :

Contrairement aux idées reçues, le prix de l’électricité n’est pas directement indexé sur celui du gaz. En 2022, les prix ont été influencés par des problèmes de production et des défaillances structurelles.

  • Les prix de gros suivent une logique marginale (notamment les prix spot).
  • D’autres mécanismes (contrats à long terme, ARENH) influencent les prix.
Flexibilité et interconnexions : clé du futur énergétique

Flexibilité, un enjeu incontournable :

La flexibilité permet de mieux gérer l’intermittence des énergies renouvelables :

  • Par les effacements de consommation, batteries, ou modulation de production.
  • Mais elle engendre des coûts significatifs à intégrer dans les infrastructures réseau.

Interconnexions, un double avantage :

  1. Résilience accrue : en diversifiant les profils de production et de consommation entre pays interconnectés.
  2. Équilibre des prix : les interconnexions favorisent la convergence des prix et permettent des échanges avantageux entre zones à coûts élevés et bas.
Perspectives pour la transition énergétique

Consommation et production d’électricité : 

La consommation électrique diminue, alors qu’elle devrait augmenter pour atteindre les objectifs de décarbonation. Cette baisse est due à :

  • Une électricité souvent plus chère que le gaz.
  • La baisse de production industrielle.

En parallèle, la production d’électricité progresse grâce aux investissements dans :

  • Le solaire.
  • L’éolien offshore.
  • Le nucléaire (notamment l’EPR de Flamanville).

Synthèse des coûts :

La transition énergétique, bien que coûteuse, reste moins onéreuse à long terme que la dépendance aux énergies fossiles.

Régulation et avenir des marchés :

  • Les prix du gaz devraient devenir davantage dépendants des réglementations (quotas de carbone, biométhane…).
  • Pour l’électricité, l’optimisation des infrastructures, des contrats à long terme et de la flexibilité est essentielle pour stabiliser les prix.

Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) :

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est prête sur le plan technique, mais des blocages politiques retardent son adoption. Une proposition de loi pourrait débloquer la situation, mais les divergences sur l’équilibre à trouver entre éolien et nucléaire ralentissent le consensus. Si les priorités restent inchangées, sa mise en œuvre pourrait être rapide, sauf en cas de changement politique qui ajouterait des délais.

En conclusion, l’énergie est devenue un enjeu stratégique au croisement des ambitions climatiques, des pressions économiques et des considérations géopolitiques. La transition énergétique impose des investissements considérables, mais ceux-ci restent moins coûteux que la dépendance continue aux énergies fossiles.

Pour réussir cette transition, il est nécessaire de renforcer la flexibilité du réseau, d’optimiser les infrastructures, et d’améliorer les mécanismes de régulation pour stabiliser les marchés. Bien que les défis politiques et économiques soient nombreux, l’adoption d’une stratégie énergétique cohérente et ambitieuse reste essentielle pour répondre aux enjeux climatiques et garantir la sécurité énergétique à long terme.

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